Je vous écris du front de la Somme.

François Ruffin a repris la plume. Et il a bien fait !

 

C’est un livre utile car il remet plusieurs pendules à l’heure.

 

C’est un livre intéressant sur le travail d’un député de gauche engagé.

Il fait des allers-retours entre ses entretiens, dans la Somme bien sûr, dans toute la France pour garder le lien permanent avec la société.

Enfin, c’est un député qui lit des livres et les analyse.

C’est même un député qui affirme pouvoir tomber amoureux d’un rapport de la Dares, rapport qui a dû être lu par moins de 10 personnes.

 

En le lisant, toute comparaison gardée, je me disais que Jean Jaurès devait travailler comme ça, lui qui disait en apprendre davantage en discutant avec le forgeron de son village qu’à l’assemblée.

 

Ça va François ? pas trop le melon après la comparaison avec le Grand Jaurès ?

 

Oui, parce que je vais lui transmettre ma bafouille au camarade député.

 

Camarade, même s’il étrille pas mal la social-démocratie au pouvoir.

 

Camarade, car quelque soient nos parcours et nos appartenances politiques, il me semble qu’être de gauche c’est d’abord avoir l’injustice en aversion et que nous partageons évidemment cette aversion.

 

Mon but n’est pas de rédiger une fiche de lecture.

Ce serait trop facile et ça vous rendrait fainéant.

 

Ce que je vous propose c’est d’acheter ce livre, 10 euros ça va ! et qu’on en discute.

 

Au début, François Ruffin s’excuse du coté brouillon de son livre.

 

En fait, ce n’est pas son livre qui est mal construit, c’est notre société.

 

Il rappelle l’effondrement économique et ses conséquences sociales.

En Ile de France, nous n’avons pas la même perception de ce que peut entraîner une fermeture d’usine.

En Picardie, c’est un trou qui ne referme jamais.

 

Il détaille l’injustice sociale qui gangrène notre nation.

 

Un seul chiffre parmi des dizaines : il y a 50 ans un grand patron gagnait 12 fois le Smic, aujourd’hui 240.

Comme on dit en Picard no coment.

 

Deux analyses me touchent dans ce livre.

 

La description détaillée de la concurrence entre ‘’pauvres’’.

Entre ceux qui travaillent et les ‘’cas soc’’, ceux qui vivent de l’assistance sociale et sont accusés de ne rien faire par les premiers.

 

Oubliant au passage de regarder les inégalités avec le haut.

 

François Ruffin a raison de dire que c’est le nœud du problème.

 

Problème complexe mais qui nourrit le vote d’extrême droite.

 

La gauche doit regarder cette situation en face et y apporter des solutions nouvelles qui tournent le dos aux boites à outils libérales.

 

François Ruffin a aussi raison de mettre en tête de gondole l’accés au travail digne car le travail c’est la dignité des travailleuses et des travailleurs.

 

Enfin, il est un des rares politiques à saisir que le travail s’est dégradé et que cette dégradation accompagnée de revenus faibles alimente un ressentiment social qui lui aussi alimente les votes vers l’extrême droite.

Su ce sujet vous pouvez lire cet excellent article d’Alternative Economique : https://www.alternatives-economiques.fr/manque-dautonomie-travail-favorise-vote-dextreme-labs/00102265

 

Ils sont très peu dans la classe politique à avoir saisi cette sourde dégradation du travail, Laurent Berger y avait consacré un livre.

C’est un sujet fondamental.

 

François Ruffin illustre cette réalité qui vrille les corps et les esprits en donnant la parole au monde du travail.

 

Si vous êtes arrivé à la fin de ce papier, je vous redonne son objectif premier : achetez et lisez le livre de François Ruffin !