Napoléon : une occasion manquée ?

Vous ne pouvez y avoir échappé ! Le mois de septembre à Saint-Cloud aura été marqué par un « revival » napoléonien sans égal. Jusqu’à la lie…

Bien que nous soyons d’ardents républicains, loin de nous l’idée de vouloir, par principe, porter atteinte à la mémoire napoléonienne ou de condamner toute forme de commémoration. Les liens entre Napoléon et la ville de Saint-Cloud sont réels et il est parfaitement légitime de vouloir les mettre en avant.

Mais une occasion n’a-t-elle pas été manquée ? A se focaliser presque exclusivement sur le folklore, la ville a mis de côté l’histoire et la mémoire.

Le folklore, c’est la célébration et la reproduction d’un ensemble de pratiques culturelles traditionnelles (croyances, rites, contes, légendes, fêtes, cultes, habillement…). C’est sympathique et amusant mais cela n’incite pas beaucoup à la réflexion…

L’histoire a un caractère scientifique. L’histoire ne juge pas. Elle est objective. Elle permet de comprendre le passé.

La mémoire, qu’elle soit individuelle ou collective, est par essence subjective et sélective. Elle n’est pas tant l’affaire des historiens que des citoyens. Elle est indispensable pour construire le présent.

Et Napoléon dans tout ça ?

A son actif : la fin de l’aristocratie féodale, la méritocratie, l’égalité devant la loi et l’impôt, le maintien du suffrage universel, l’unification administrative de la France et du Droit français et en particulier le Code Civil, la création des lycées et du Baccalauréat, la paix religieuse, le Franc comme monnaie unique…

A son passif : un régime autoritaire qui contrôle la vie des citoyens, la multiplication des guerres ayant conduit à la mort un nombre incalculable de soldats français et étrangers, les massacres de civils en Espagne et ailleurs, la non-reconnaissance des droits civiques des femmes, la restauration de l’esclavage…

Nous regrettons que la Ville de Saint-Cloud se soit cantonnée à une apologie folklorique de Napoléon et du Premier Empire. Pourquoi ne pas avoir profité de ces magnifiques reconstitutions pour aborder la diversité et la complexité de l’histoire et de l’héritage napoléonien ? Une occasion manquée.