Non à la perte de 50 lits spécialisés de réanimation après la pandémie de covid 19. Non à la délocalisation des services et des postes universitaires attachés à la faculté de Saint-Quentin en Yvelines.

Je ne suis pas compétent sur la question financière . Mais mon vécu  de cadre de santé en service d’imagerie public et de technicien d’électro encéphalographie dans les hôpitaux  parisiens pour les prélèvements d’organes me donne une expérience de terrain et des disponibilités d’accueil dans les services de réanimations et des urgences .

La première question : pourquoi avoir supprimé dans le nord ouest parisien autant d’ hôpitaux publics ?

Laennec, Broussais , Boucicaut   et plus au centre Le Val de Grace , et Saint Vincent de Paul .Tous des CHU . Tous ces hôpitaux disposaient de réanimations spécialisées et de médecine interne opérationnelles    . Avec Tour de garde sur l’ensemble des hôpitaux parisiens. Par quoi ont ils été remplacé ? Pour l’ APHP  par l’HEGP ;  pour l’armée par rien.(Begin et Percy excitaient déjà ; peut-être ont ils été rénovés mais le Val de Grace était un Hôpital de haut niveau universitaire en plein paris) .

Le grand remplacement c’est fait par des hôpitaux privés . Foch(Suresnes ) , Saint Joseph (14éme), Les franciscaines ( Versailles ) , Leopold Bellan(15éme), Hôpital du Bon Secours de Neuilly,    Antony , Clinique de l’Europe de  Marly . Institut Montsouris.  Ancien Hôpital de la cité universitaire.Tous ces hôpitaux ont triplé voir quadruplé leurs surfaces et  leurs activités.  Pour Saint Cloud perte du service de réanimation  Et il faut y ajouter la fondation Curie.

Tous ces  hôpitaux privés étaient dans les années 2000 des vielles institutions en grandes difficultés financières . Ils sont à but non lucratif : ils ont mêmes contraintes budgétaires que le public et financés par les mêmes sources ( sécurité sociales et mutuelles ).

Pourquoi  l’Agence Régionale de Santé  a trouvé des moyens pour rénover et développer les hôpitaux privés au détriment des hôpitaux publics . ?

Le budget des hôpitaux est à 75 % des dépenses en personnel. Mais le personnel dans privé et dans le public n ont pas le même statut  . Dans le public  les agents  sont fonctionnaires de la fonction publique Hospitalière. Et comme la politique de tous les gouvernements est de réduire le nombre de fonctionnaires on ne crée pas de postes et plutôt on en supprime ; et encore de plus en plus les postes sont occupés par des contractuels . Les différences de statuts et de salaires  entre privé et public sont   très importantes. Pourtant les métiers sont les mêmes et  le financeur est le même (la SS et les mutuelles ). La réforme devrait permettre un rattrapage des salaires et des avantages équivalent.

Dans le privé les employés bénéficient d’une convention collective et échappent aux statistiques du nombre des fonctionnaires marqueur de la dette de l’état ; Ici il est à remarquer que la  droite aux affaires a favorisé le mouvement de privatisation en changeant le statut des hôpitaux privés .

La grande différence entre public et privé c’est la prévisibilité. Le privé a  un budget prévisionnel qu’il ne  doit pas dépasser. Il calcule ses interventions, ses rendez-vous en fonction de ses besoins . Il limite la file d’attente en fonction des dépenses . En revanche le public reçoit toutes les personnes   qui se présentent sans distinction et sans limite . Dans les débuts du HIV  les services publiques se sont complètement adaptés à l’afflux massif de patients… etc.

Les dépenses sont tout à fait imprévisibles et très variables . La plupart des endettements des hôpitaux sont dus à des ajouts de charges provenant d’une augmentation sporadique et massive  d’activités comme les épidémies.

De plus la tarification à l’activité n’arrange rien  parce qu’elle porte sur des actes bien quantifiés . Et plus on fait d’actes hautement qualifiés plus ça rapporte. Mais dans cette course   le public est plombé parce que souvent c’est lui qui met les nouvelles pratiques au point  et une fois bien définies elles sont reprises à grande échelle dans le privé.

Un autre facteur  pénalisant est la prise en charge disproportionnée des maladies chroniques dans les services publiques .

De plus le déséquilibre est accentué par une mission spécifique du public : la formation des médecins et des para médicaux . Ces formations demandent beaucoup de temps et de savoir faire . Mais elles ont pour intérêt de permettre la recherche sur tous les métiers de la santé , de définir les bonnes pratiques et de les transmettre.  La  formation est une charge essentielle de l’hospitalisation publique ; le privé en bénéficie énormément et  n’y participe  que dans son intérêt .

Le terrain de stage de l’étudiant en médecine  est le Centre Hospitalier Universitaire. Le seul CHU de la Faculté  de médecine de Saint Quentin en Yvelines est R. Poincaré de Garches. Sa disparition supprime un rouage essentiel de la formation médicale de la Fac de Saint Quentin . En supprimant un CHU on prive les étudiants  de  la présence à la tête des services des Professeurs des Universités qui développent dans leur unités la recherche et l’enseignement.   Ces professeurs sont payés par l’éducation nationale .  A part Ambroise Paré les autres terrains de stages de la régions sont soit des  CHR soit des Privés comme Foch ou Curie.

Dans un axe entre l’hôpital André Mignot et  L’Hôpital Ambroise Paré, le service de réanimation de l’hôpital de  Saint-Cloud  a été supprimé et si on ferme l ‘hôpital de Garches ce sont au moins 6 services de réanimation spécialisés  et un grande centre de formation sur la traumatologie et l’ handicap qui vont disparaître  ainsi qu’une unité de Smur et Samu capable d’intervenir en urgence dans tout le secteur proche. L’Agence Régionale de la Santé compte peut-être et même sûrement sur les lits de réanimation de la clinique du Val d’or pour compenser .Ce sera un Hôpital privé de plus.

L’état de dégradation de l’hôpital public est tellement criant que c’est presque inutile d’en  faire la démonstration.

Le personnel soignant s’insurge régulièrement ainsi que les médecins et les chefs de service.

En revanche  les hôpitaux privés se développent à grande échelle et prennent  de plus en plus les parts rentables de la demande .

L’épidémie  de covid 19 nous démontre le besoin d’augmenter le nombre  de réanimations spécialisés .

L’hôpital de Garches est équipé d’ au moins 6 services de réanimation avec le support  d’investigation et de traitement . Vraiment est ce le moment de se dispenser d’un tel équipement ?

Jean Groussin

Jean Groussin Militant Saint-Cloud Rive Gauche. Professionnel de santé.

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DUFOURG Dominique à écrit :

Bravo pour cette étude !
Dois-je comprendre que l’hôpital Raymond-Poincaré va complètement disparaître ?
Quid alors du service de réadaptation des handicapés en liaison notamment avec le lycée Toulouse-Lautrec ?
Et que faire des locaux après qu’ils auront ainsi été désaffectés? Les raser pour y construire à la place un ensemble immobilier de luxe ???
Quel est l’état d’avancement de ce projet ?
Tout cela me paraît aussi contestable que l’avait été le projet de suppression de l’hippodrome de Saint-Cloud.