Une tribune libre de notre camarade Serge Wourgaft, jeune militant de 102 ans qui donne chaque jour une belle leçon d'humanité, de jeunesse et d'engagement. RESPECT !!!!

En cette année du 75e anniversaire du succès des objectifs de la Résistance, les mythes et les fables sur les confrontations et les victoires des petits sur les grands, des assujettis sur les puissants ont trouvé, avec le Covid-19, une illustration imprévue et sidérante, dans un monde en plein bouleversement.

 

Ainsi, le Covid-19, dont l’origine n’est pas encore déterminée, mais qui pourrait provenir d’une modeste chauve-souris, inflige aux populations des pays des cinq continents de graves atteintes physiques et psychologiques, marquées, en particulier, par un confinement prolongé et par la prévision d’énormes difficultés sociales et économiques, défiant la puissance et le pouvoir.

 

En notre temps du règne de l’image numérique, la vue notamment des grandes capitales complètement désertées, d’une part, et celle des hôpitaux submergés, montre l’ampleur de ce combat. Et la force de ce « petit malfaisant » ressort de façon presque caricaturale de l’épisode de sa récente « confrontation », avec l’immense porte-avion Charles-de-Gaulle, dont il a interrompu la mission en immobilisant les trois quarts de l’équipage.

 

Mais ce rappel anecdotique ne concerne pas seulement un épisode sanitaire, même grave. Il s’agit, en fait, d’un phénomène qui constitue une grande première dramatique dans l’histoire de l’humanité.

 

Par sa contamination, qui progresse de façon exponentielle, pratiquement sur toute la planète, le Covid-19 a provoqué non seulement un débordement des services hospitaliers et des centaines de milliers de victimes, mais aussi l’arrêt de la plupart des activités socioéconomiques dû en grande partie à l’indisponibilité des salariés, immobilisés dans des confinements, jugés indispensables dans la lutte contre le Covid -19, créant ainsi des millions de chômeurs.

 

Ces dispositions ont jeté une lumière révélatrice, et quelque fois cruelle, sur les faiblesses, les lacunes et les faux-semblants de nos sociétés : l’ampleur des inégalités et des injustices, la primauté des activités économiques et financières sur la réponse aux besoins, en particulier en matière de santé, les violations du droit et les atteintes aux institutions démocratiques, la progression de la déshumanisation… Et cette liste est loin d’être exhaustive.

 

Mais conformément à l’ambivalence qui marque notre temps, cette sombre lumière ne doit pas masquer l’existence des aspect positifs. La relation du Covid-19 avec la chauve-souris, le seul animal « double », à la fois mammifère et oiseau, est peut-être, en fait, un symbole.

 

Il y a aussi les recherches intensives dans les laboratoires en vue de trouver un vaccin ainsi que la coopération et l’échange permanent des informations notamment sur les avancées. Et ce, dans un milieu habitué au secret, en raison des incidences économiques considérables d’une découverte.

 

Il faut aussi souligner la solidarité et la générosité manifestée en particulier à l’égard des personnes âgées confinées, et délaissant les écrans, les communications vocales de fenêtre à fenêtre ainsi que toutes les initiatives pour pallier la distanciation sociale.

 

Et en tête de liste, l’extraordinaire dévouement, le courage et la générosité, déjà largement commentés et appréciés, du personnel soignant médical et paramédical et des bénévoles qui s’y sont joints. Et aussi, beaucoup moins spectaculaires, les efforts de tous ceux qui, bravant le danger de la contamination, assurent les services fondamentaux du quotidien.

 

Mais il semble bien que l’apport positif le plus important du Covid -19 soit la large prise de conscience des réalités, des possibilités et des limites actuelles de notre monde numérique et de la voie à suivre.

 

La pandémie a fait ressortir la globalité et l’interdépendance des problèmes ainsi que les réactions en chaîne qu’ils peuvent générer. Pouvait-on prévoir qu’un seul virus puisse provoquer un effondrement, sans doute provisoire, du marché et des sociétés du pétrole, comme cela vient de se produire et entraîner des tensions géopolitiques ? Envisager, comme l’ont fait des chercheurs, que le réchauffement climatique, par ses effets sur la biodiversité, puisse avoir une influence sur l’existence et la virulence des virus.

 

Ces réactions en chaîne, impliquant bien entendu les gouvernements, requièrent pour leur prévention et leur solution la coopération et la solidarité multilatérales.

 

Enfin, le caractère planétaire, dans l’espace et dans le temps de l’action de Covid-19 et de ses conséquences ouvre, par son originalité, un champ d’études immense, en particulier pour les sciences humaines, susceptibles de générer des avancées importantes pour le sort de l’humanité.

 

Commentant la situation actuelle, Claude Alphandéry (1) exprime un sentiment, partagé sans doute par beaucoup, dont l’auteur de ces lignes, d’un retour à l’atmosphère de l’Occupation avec les menaces de l’immédiat renforçant l’espoir généré par la Résistance dont il fut un des grands acteurs. Et ce n’est pas un hasard si de nombreuses voix, dont la sienne, font référence à l’esprit et à l’action du Conseil national de la Résistance pour inspirer les bâtisseurs du très difficile et dangereux « après Covid 19 ».

 

Serge Wourgaft

Serge Wourgaft

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs requis sont indiqués *

Conformément à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée en 2004, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de modification, de rectification et de suppression des informations qui vous concernent par courrier électronique à l’adresse : [EMAIL]. Si vous nous avez autorisés à transmettre ces informations à des partenaires, vous pouvez vous y opposer ultérieurement en écrivant à l’adresse précédemment citée.

CHARLETTE LOMPREZ à écrit :

Merci de nous avoir communiqué ce texte qui sans vous, serais demeuré confidentiel.